Comment monte-t-on une expo sur les JO ?

Les expositions autour du sport olympique sont légion un peu partout dans l’hexagone pour préparer les Français à l’arrivée des Jeux Olympiques de Paris 2024.Women Sports s’est arrêté sur l’une d’entre elles et vous raconte de l’intérieur comment un tel projet est mis sur pied.
Par Léa Borie, Extrait de Women Sports magazine n°32 avril-mai-juin 2024 spécial Paris 2024 dernière ligne droite

Un musée d’art et d’industrie qui parle du sport ? C’était suffisant pour que l’on se penche sur la question avec l’exposition D’Olym­pie à Saint-Etienne, Sports en jeu. Ville au patrimoine industriel marqué, qui a vu la naissance de la 1ère bicyclette fran­çaise en 1886, et est connue pour ses échanges footballistiques depuis 1933 au stade de Geoffroy Guichard : Saint-Etienne présente les équipements sportifs conçus ou produits sur le territoire, là où son my­thique stade accueillera des épreuves de football du 26 juillet au 11 août. Comment les objets de collection ont-ils été collec­tés et choisis ? On a posé la question au commissaire d’exposition, Sylvain Bois.

WOMEN SPORTS : Où avez-vous puisé tous ces objets liés au sport ?

Sylvain Bois : Nous avons commencé par réétudier nos collections afin de détermi­ner celles qui collaient au thème, notam­ment au sein de la collection d’armes -chasse à courre, tir, sarbacane – mais aus­si au sein de la collection de cycles. Puis nous avons collecté des objets auprès des associations centenaires du territoire en­core en activité, comme La Stéphanoise, fondée en 1875 pour créer une société de gymnastique et participer à l’éducation physique et morale de la jeunesse mas­culine. Il y a aussi l’Omnium club d’halté­rophilie ou Coquelicot club d’athlétisme : des sociétés patriotiques soutenues par le ministère de la Guerre. Je citerais aussi l’association L’Avant-garde de Saint-Fran­çois, confrérie religieuse qui proposait des patronages religieux aux enfants déshé­rités. Nous présenterons par ailleurs des amphores panathénaïques, prêtées par des musées suisses, jadis remplies d’huile des oliviers sacrés d’Athènes qui récom­pensaient les vainqueurs grecs aux Jeux. Au total, près de 400 objets de sport et d’olympisme sont mis en avant.

Quelles sont les anecdotes qui vous ont marqué en préparant l’exposition ?

Pierre de Coubertin n’interdisait pas qu’aux femmes de participer, les ouvriers aussi étaient exclus car il ne fallait pas que des catégories inférieures concourent.

On met en avant les Expositions univer­selles, et notamment celle de 1900 où des démonstrations sportives avaient lieu avec concours d’escrime. Sur l’affiche exposée, on voit une femme avec les trois armes, alors qu’à l’époque, les Jeux leur étaient encore interdits.

Dans les années 20, on voit arriver le bas­ket des États-Unis. Il plaisait à l’Église car considéré comme sport dit sans contact. C’est pourquoi les catholiques s’en seraient emparés après la gym.

Qu’est-ce qui a été le plus délicat dans le montage de l’exposition ?

Lorsqu’on emprunte des statues de plâtre au musée de moulage de Lyon par exemple, on n’a pas le droit à l’erreur. Il faut prendre le plus grand soin à faire acheminer les œuvres jusqu’à la salle d’exposition au 1er étage.

Comment cela a-t-il été mis sur pied ?

Cela a mobilisé un commissaire géné­ral, une directrice, le chargé de collection armes et celui de collection cycle, ainsi qu’un cabinet de scénographie. Depuis trois ans, nous avons complété les collec­tions du musée d’objets en rapport avec le sport et obtenu les avis favorables des commissions d’acquisition des Musées de France. On a aussi bénéficié du concours de professeurs à l’université Staps en ré­union préparatoire afin de confronter les points de vue.

Comment faire le lien avec les JO ?

Saint-Etienne abrite trois pôles France : course d’orientation, cyclisme et gymnas­tique. On souligne fièrement que 96 spor­tifs stéphanois sont entrés dans l’histoire des JO. Parmi eux, on peut citer Marielle Garde, cycliste aux JO de Los Angeles de 1984, avec son vélo haut de gamme qu’elle avait dû s’offrir elle-même car les femmes devaient payer leurs équipements contrai­rement aux hommes. On dresse aussi le portrait de Sya Dembélé, en route pour les JO en breakdance.

D’Olympie à Saint-Etienne, Sports en jeu
Jusqu’au 24 novembre
Musée d’art et d’industrie, Saint-Etienne, mai.saint-etienne.fr

La culture des JO partout ailleurs en France

Une sélection de quelques expositions qui ont attiré notre attention un peu partout en France. Pas forcément les plus grandes ou les plus médiatisées, mais celles qui nous tiennent à cœur, dont beaucoup sont labellisées Olym­piade Culturelle, afin de faire résonner plus fort l’esprit olympique !

› Musée national du sport, Nice22 septembre : Les Elles des Jeux rend hommage aux athlètes féminines, à travers les théma­tiques liées au destin des femmes, à leurs choix et à leurs résultats.

› Panthéon, Paris11 juin-29 septembre : Histoires Paralympiques. De l’intégra­tion sportive à l’inclusion sociale (1948-2024), on y suit l’évolution de l’inclusion des personnes en situation de handicap pour mieux en saisir les enjeux.

› Palais de la Porte Dorée, Paris26 avril–8 septembre : Olympisme, une histoire du monde, Des premiers Jeux Olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, l’expo qui retrace 130 ans d’évolutions depuis la création des JO modernes.

› Le MuséoParc Alésia, Alise-Saint-Reine, 30 novembre : Ô Sport, des Jeux pour des dieux, (évé­nement Terre de Jeux 2024, département de la Côte-d’Or), raconte l’histoire de l’An­tiquité à travers le sport, via la littérature et les objets retrouvés lors de fouilles, dans une scénographie de stade olympique.

› Mémorial de la Shoah, Paris : Paris 1924-2024 : Jeux Olympiques, miroir des sociétés ? L’exposition interroge préjugés et discriminations des JO.

Abbaye Saint Germain, Auxerre, jusqu’au 20 mai : Au coeur de l’olympisme présente des collections privées de médailles, torches et autres objets embléma­tiques.

› Musée du Louvre, Paris du 24 avril au 16 septembre, L’Olympisme. Une invention mo­derne, un héritage antique, l’occa­sion de mieux saisir le contexte poli­tique de la réinvention des concours de la Grèce antique à la fin du XIXe siècle.

Musée archéologique de Saint-Raphaël, jusqu’au 18 mai : Quand la flamme olympique passe à Saint Raphaël : de quoi donner à voir l’histoire à rebondissements et les se­crets des Jeux au fil des olympiades.

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