En mode olympique : promouvoir les valeurs de l’olympisme

Par Léa Borie, Extrait de Women Sports magazine n°33 juillet-août-septembre 2024 spécial JO de Paris 2024

Un géant du luxe habille les athlètes pour la grande fête

Tailleur sans manche, foulard ou pochette, chemise : pour le grand défilé sur la Seine, les sportives arboreront, façon tapis rouge, une tenue de circonstance à l’occasion des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques et Paralympiques. Le contrat de parrainage, négocié par le géant du luxe LVMH pour la marque Ber­luti, d’une valeur de 150 millions d’euros, représente le travail de 180 personnes pour donner forme à 8 000 m de tissus et 100 km de couture. Oui, oui !

Connue pour ses chaussures en cuir et costumes sur mesure masculins haut de gamme, Berluti – marque française fondée à Paris en 1895 – a cherché à re­prendre l’ADN de Berluti dans ses créa­tions spéciales, via des matières nobles, une patine, inventée par Olga Berluti dans les années 80, et l’esprit smoking. Le nom de la marque ne trompe pas : si les tenues sont créées en France, elles sont fabriquées en Italie. L’enjeu à habiller des athlètes ? l’étendue des tailles. Des souliers du 35 au 56, les habits du 3XS au 6XL : un challenge pour garder la ligne directrice !

Pour marquer l’appartenance à la France, le col châle est rehaussé d’un motif ins­piré par une patine inédite « drapeau français ». Français jusque dans les petits détails, avec une étiquette griffée trico­lore sur la chemise, dotée de l’inscription Artisans de toutes les victoires. Moder­nité oblige, les sportives peuvent choisir entre pantalon gansé et jupe portefeuille en soie. Aux pieds, des sneakers ou des mocassins souples. Défi pas évident que de faire porter une telle tenue à des per­sonnes habituées au lycra et autre néo­prène sans se sentir déguisées en pin­gouin. Pour éviter ça, chaque athlète a eu droit à un fitting particulier, pour ajuster une longueur de manches, une largeur de taille. Et pas de panique, le jour J un ate­lier de secours est prévu.

Le Coq Sportif : Cocorico sur le terrain

Choisie afin d’honorer les commandes de tenues pour la délégation française et les arbitres officiels, la marque au coq fier a été chargée de concevoir les tenues de village, de podium, d’entraînement et de compétition – de la veste zippée au bloo­mer en passant par les t-shirts et polos (et même les kimonos sous les conseils de Clarisse Agbegnenou) des athlètes en compétition de plus de 60 disciplines, avec les spécificités que chaque sport in­duit.

Pour ce faire, la griffe s’est entourée du fondateur de la marque de streetwear Pigalle Stéphane Ashpool. L’usine de pro­duction basée à Romilly-sur-Seine (Aube) a géré en partie la fabrication de 150 000 pièces pour les 900 sportifs et 220 000 pour les arbitres ! Elle est loin la création de l’entreprise de bonneterie en 1882… Cela fait plus d’un siècle que Le Coq Sportif habille les grands sportifs, équipe­mentier de l’équipe de France de 1912 à 1972 ou encore des coureurs du Tour de France en 1950. Dernièrement, en 2022, elle a équipé en tenues de représentation les athlètes de la délégation française et leur staff lors des Jeux d’hiver à Pékin.

Et là, rareté oblige, certains athlètes au­raient même le privilège d’arborer des te­nues sur mesure, pour les disciplines aux effectifs faibles comme le skateboard ou le breakdance. Pour les passionnés, une boutique de répliques et de produits dé­clinés existe en commercialisation. Ce qui porte à 1,3 million le nombre de pièces fabriquées !

Bleu blanc rouge jusqu’aux pieds avec Tismail !

Decathlon met en vente des centaines de milliers de paires de chaussettes, produits officiels sous licence Paris 2024, et habille les pieds de 60 000 vo­lontaires. À l’origine de cette fabrication dantesque : une petite entreprise de Troyes d’une cinquantaine de salariés. Il n’existe plus que cinq manufactures de la sorte en France. Tismail a été re­tenue par le grand distributeur, convain­cante par sa vingtaine de machines à têtes rotatives, travaillant en bouclette sélective pour plus de confort. Une op­portunité qui ravit Benoît Seguin, PDG de Tismail : « J’ai 44 ans, je ne verrai ça qu’une fois ! » C’est l’opportunité pour ce passionné des Jeux, porteur de la flamme paralympique en août, de crier haut et fort : « Le made in France est encore possible. Il existe des industriels textiles français ! »

Fabrication en petite série et sur mesure : l’exemple de l’équitation

Au-delà des grandes séries créées pour cet évènement planétaire, il y a des petites fabrications, qui défendent de grandes causes. En saut d’obstacle, concours complet, dressage, et qui plus est en para-dressage, la fabrication d’équipements – que l’on découvrira durant les épreuves du château de Versailles – , se fait souvent en petite série. Elle comprend le travail du cuir et des peaux, la tannerie mégisserie, la chaussure, botte et ganterie…

Investie, la Fédération française de maroquinerie a d’ailleurs signé un partenariat avec la Fédération française d’équitation afin de soutenir des athlètes en para-dressage, pour qui les selles sont fabriquées sur mesure afin d’être adaptées à la morphologie de chaque cavalier. « C’est aussi une façon de montrer notre attachement à la sellerie et au harnachement. De quoi mettre en avant des productions françaises iconiques dans le domaine du cuir et de ses métiers d’art », nous explique Edgard Schaffhauser, président exécutif de la Fédération française de la maroquinerie.

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