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Avec REGOM, la revalorisation des pneus usagés carbure à l'IA

Historiquement, le tri de pneumatiques usagés s'effectuait à la main dans des conditions précaires et consistait à vider une benne remplie de résidus de pneus à même le sol, puis à exposer l'opérateur de tri à la saleté, à l'humidité et au mal de dos. Un labeur fastidieux auquel l'entreprise TC-Transports a décidé de s'attaquer, en lançant la startup REGOM en 2020.  

Si TC-Transports fut créée dans les années 1980, c'est à l'aube du XXIe siècle qu'elle ajoute à ses fonctions originelles de transporteur et de logisticien dans l'industrie automobile, une branche collecte et tri de pneumatiques, à destination de l'éco-organisme Aliapur. "C'est à cette époque que je suis arrivé à la tête de TC-Transports, révèle Jean-François Cassier, le fils du fondateur. Nous sommes au début des années 2000 et l'un des premiers dossiers que je mène, c'est la création d'une branche de collecte pour l'éco-filière sur les vieux pneus et le lien avec Aliapur." L'usage en vigueur consiste alors, à raison d'un ratio oscillant entre 15 et 20 % de la collecte totale, à repérer parmi les pneus qui inondent les déchetteries et garages, ceux qui sont encore utilisables pour les commercialiser de nouveau, généralement à l'export. 

REGOM accélère le tri grâce à la technologie 

Depuis, l'entreprise bourguignonne a toujours essayé de se placer à l'avant-garde dans sa manière d'améliorer les conditions de tri. "Il y a environ dix ou douze ans, je me suis mis en tête de trouver des solutions pour réduire la pénibilité des opérateurs, puisque le tri, pour trouver ces 20 % de pneus réutilisables, se faisait alors à l'oeil et à la main, poursuit Jean-François Cassier. Étant ingénieur, j'ai fait un prototype avec deux bouts de ficelle et on a commencé à travailler avec l'institut de l'imagerie."

Quelques phases de perfectionnement plus tard, REGOM est née, et avec elle, une machine capable d'accélérer drastiquement le processus et de simplifier les opérations humaines, notamment via l'intelligence artificielle. Ayant pour but de "disrupter" une industrie dont on associe la destruction des déchets, généralement par combustion, à la pollution atmosphérique, REGOM a intégré la communauté du Coq Vert, qui regroupe des dirigeants d'entreprises proactifs dans la transition écologique et énergétique. Grâce à son projet novateur permettant d'intégrer un produit aussi décrié à l'économie circulaire, REGOM a pu bénéficier d'une subvention importante de Bpifrance, à hauteur de 66 % de son capital de départ d'1,2 million d'euros.

Plusieurs voies de valorisation des pneumatiques 

En mettant en application des systèmes de mesure sophistiqués, ladite machine est capable de traiter mille pneumatiques à l'heure. "Dans une filière confrontée à des problématiques d'embauche, étant donné la pénibilité du travail, cette machine permet d'analyser un pneumatique toutes les trois secondes", se félicite Lucile Cassier, responsable commercial et export pour la startup. Mieux, elle peut reconnaitre et catégoriser les pneus lesquels sont éligibles à une seconde vie.

En effet, il arrive souvent que des pneus en bon état finissent à la poubelle, puisque dans le cas courant d'une crevaison sur un véhicule, la législation impose au garagiste de les changer par paire. En résumé, REGOM transforme les déchets en produits. Comment cela se passe concrètement ? "Les pneus entrent dans la machine, à l'intérieur de laquelle il y a une caméra et des lasers qui analysent le déchet. En fonction de toutes les combinaisons d'identification (marque, modèle, dimension, usure de la gomme), l'IA de la machine détermine à quelle typologie de client la valorisation du pneu peut correspondre", décrit Lucile Cassier. Conséquence : le bijou technologique conceptualisé par REGOM séduit granulateurs, pyrolyseurs, dévulcanisateurs et plus généralement tous les acteurs ayant un intérêt à trier, tracer et valoriser des pneumatiques.  

L'ambition de livrer une dizaine de machines par an 

En France, ce sont 400 000 tonnes de pneus usagés qui sont triés à la main chaque année. Les objectifs sont divers. Le tri permet de préserver les ressources naturelles en récupérant la quantité maximale de matériaux précieux à partir de pneus usagés, de minimiser la quantité de déchets envoyés en décharge, d'accroitre la traçabilité des pneus et de les orienter vers des débouchés et des filières correspondant à leurs caractéristiques. Ses composants peuvent parfois servir de matière première à d'autres industries, notamment celles en recherche de combustible. De quoi envisager l'avenir avec sérénité, bien que REGOM se soit positionné sur un secteur de niche, puisque le tri de pneumatiques est une spécialité qui ne concerne que peu d'acteurs en France. "Nous aimerions pouvoir livrer une dizaine de machines par an", ambitionne Lucile Cassier, dont l'employeur compte l'enseigne Norauto parmi ses premiers clients. Les équipes de REGOM ont également identifié plusieurs clients potentiels en Espagne, et ont déjà commercialisé une machine aux Pays-Bas. À moyen terme, l'entreprise bourguignonne pense également s'atteler à l'Amérique du Nord et à l'Asie. 

Cet article a été publié initialement sur Big Média Avec REGOM, la revalorisation des pneus usagés carbure à l'IA

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