Des responsables du Hamas et d’Israël ont réaffirmé anonymement, samedi, le profond désaccord des deux parties sur la possibilité d’un accord de trêve. Le Hamas exige que l’accord prévoit explicitement le retrait des troupes israéliennes ; Israël et son président répètent leur volonté d’attaquer Rafah pour anéantir l’organisation islamiste palestinienne, avec ou sans trêve. En Cisjordanie, où la tension monte également, "cinq terroristes" ont été tués samedi s4 mai, a annoncé l’armée israélienne, tandis que dans les universités occidentales, le mouvement de protestation pro palestinien prend de l’ampleur.

Les infos à retenir

⇒ Benyamin Netanyahou annonce fermer la chaîne Al-Jazeera en Israël

⇒ Trêve à Gaza : échange de critiques et reproches entre Israël et le Hamas

⇒ Record des actes antisémites dans le monde en 2023 selon une organisation de défense de Juifs

Israël dit fermer le point de passage vers Gaza de Kerem Shalom

L’armée israélienne a annoncé ce dimanche avoir fermé le principal point de passage de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza, Kerem Shalom, visé par des tirs de roquettes. "Une dizaine de tirs de projectiles ont été repérés depuis une zone adjacente à (la localité de) Rafah en direction de la zone de Kerem Shalom. Le point de passage de Kerem Shalom est actuellement fermé aux camions d’aide humanitaire", indique l’armée dans un communiqué.

Trêve : échange de critiques entre Israël et le Hamas

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a estimé ce dimanche que "capituler" face aux demandes du mouvement palestinien Hamas, qui exige qu’Israël s’engage à cesser son offensive israélienne à Gaza pour signer une trêve, représenterait "une terrible défaite" pour Israël. "Cela serait une grande victoire pour le Hamas, pour l’Iran […]", a-t-il déclaré devant ses ministres.

Le chef du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, a pour sa part accusé Israël de saboter les efforts de médiation. Dans un communiqué, il a déclaré que le Premier ministre israélien voulait "inventer des justifications constantes pour la poursuite de l’agression, l’extension […] du conflit et le sabotage des efforts déployés par les différents médiateurs et parties".

Netanyahou annonce fermer la chaîne Al-Jazeera en Israël

Le gouvernement israélien a "décidé à l’unanimité" que la chaîne qatarie Al-Jazeera serait "fermée en Israël", a annoncé ce dimanche le Premier ministre Benyamin Netanyahou dans un tweet, sans autre détail sur les mesures prises. Le ministre israélien de la Communication Shlomo Karhi a de son côté affirmé sur X avoir "aussitôt signé l’injonction contre Al-Jazeera" qui "entre en vigueur immédiatement". Il ajoute avoir fait en sorte qu’Al-Jazeera "ne puisse plus opérer depuis Israël" et accuse la chaîne de "menacer la sécurité" du pays.

Le ministre a dans la foulée signé et publié l’ordre de saisie du matériel de la chaîne qatarie Al-Jazeera. Selon ce document, instruction est donnée de saisir "les équipements servant à diffuser les contenus de la chaîne", détaillés dans une liste dans laquelle figurent notamment les caméras, microphones, tables de montage, serveurs informatiques, ordinateurs, équipements de transmission et téléphones portables.

Le Hamas ne veut pas d’accord sans assurance de fin de la guerre

Israël et le Hamas affichent de nouveau leur profond désaccord sur la possibilité d’une trêve, à l’issue d’un premier round de négociation au Caire (Egypte), samedi 4 mai. Un responsable du Hamas a répété samedi à l’AFP que le mouvement palestinien n’accepterait "en aucun cas un accord de trêve ne prévoyant pas explicitement un arrêt de la guerre". Il accuse Israël de chercher "à récupérer ses captifs sans pour autant devoir cesser son agression sur Gaza". Peu avant, un responsable israélien a accusé le Hamas de bloquer tout accord en insistant sur son exigence d’un arrêt de la guerre, et prédit des négociations difficiles.

"Nos informations confirment que Netanyahou freine en personne un accord par calculs personnels", a affirmé le responsable du Hamas à propos du Premier ministre israélien, que le Hamas avait précédemment accusé de multiplier les propos visant "clairement à faire échouer toute possibilité d’accord". Benyamin Netanyahou a affirmé à plusieurs reprises être déterminé à mener une offensive d’ampleur sur Rafah, ville du sud de la bande de Gaza qu’il estime être le dernier bastion du Hamas, et exclut de cesser la guerre en cours depuis sept mois avant d’avoir anéanti le mouvement islamiste.

Cinq "terroristes" palestiniens tués par Israël

Cinq "terroristes" palestiniens ont été tués samedi 4 mai en Jordanie, dans le nord de la Cisjordanie occupée, après 12 heures de siège d’un village, selon l’armée israélienne. Au cours d’une "opération visant à neutraliser une cellule terroriste", des forces israéliennes "ont encerclé un bâtiment", indique l’armée dans un communiqué. Après "avoir essuyé des tirs, les forces de sécurité ont riposté", notamment avec des roquettes. "Un drone de l’armée a visé et touché le bâtiment à deux reprises, tandis que des unités du génie s’employaient à le détruire" au bulldozer, poursuit Tsahal. "La confrontation s’est terminée par l’élimination de cinq terroristes et la saisie d’équipement militaire et d’armement."

Les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas palestinien, ont, elles, fait état de trois combattants tués, dont son chef à Tulkarem Alaa Adeeb. La Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, est le théâtre depuis deux ans d’une flambée de violences, exacerbées par l’attaque du 7 octobre.

Le nombre d’actes antisémites atteint des sommets dans le monde

Un nombre d’actes antisémites "sans précédent" ont été enregistrés en 2023, a alerté ce dimanche 5 mai la Ligue anti-diffamation (ADL), principal groupe de défense des droits des juifs. En cause, selon l’organisation : la guerre entre le Hamas et Israël, qui alimente un "incendie qui était déjà hors de contrôle", affirme-t-elle dans son rapport mondial publié. Rédigé conjointement avec l’Université de Tel-Aviv, le rapport indique que les incidents antisémites en 2023 ont été bien supérieurs aux chiffres de 2022 dans la plupart des pays comptant d’importantes minorités juives, notamment les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie, le Brésil et le Mexique.

Gaza : le mouvement étudiant mondial s’étend

Le mouvement étudiant contre l’offensive israélienne, parti des campus américains New-Yorkais, ne cesse de s’étendre et a en quelques semaines gagné Lausanne, Berlin, Montréal, Mexico ou encore Sydney, mais aussi Paris, Lille, Dijon ou Reims.

Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza a déferlé sur les campus américains, dans une quarantaine d’universités, d’est en ouest, où près de 2 000 personnes ont été interpellées, selon les médias américains. Plusieurs campements pro-palestiniens ont été démantelés de force par la police ces derniers jours, comme à l’université de New York (NYU), vendredi, à la demande de l’établissement.

A Paris, les forces de l’ordre ont évacué vendredi les militants pro-palestiniens qui occupaient depuis la veille la prestigieuse école parisienne Sciences Po, qui accueille 5 000 à 6 000 étudiants. Ce dimanche, dans les pages de La Tribune Dimanche, Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande fermeté" les blocages à Sciences Po et dans les universités de manifestants propalestiniens. Des actions qui "empêchent le débat", juge-t-il.