Décembre 2025 : une tempête tropicale et un cyclone frappent La Réunion

Décembre 2025 : une tempête tropicale et un cyclone frappent La Réunion

Entre une région touchée par des inondations et une autre frappée d’une sécheresse historique, il n’y a que mille kilomètres. Paradoxal et saisissant effet d’un climat toujours plus bouleversé, et de tensions grandissantes sur les ressources en eau du pays. Chaque été, désormais, impose son débat sur ses usages et sur son accès, alors que les pluies parfois torrentielles de l’hiver ravagent certains territoires. Comment adapter la France à cette nouvelle réalité ? L’Express a souhaité apporter sa pierre à l’édifice d’un débat plus nécessaire que jamais. Ces six "scénarios noirs" de l’eau à l’horizon 2030 en sont la traduction. Ils ne sont ni des prévisions, ni des prédictions. Mais des hypothèses sur lesquelles travaillent déjà plus ou moins directement les pouvoirs publics et industriels, et dont les trames ont été affinées et enrichies par la quarantaine d’experts interrogés : chercheurs, météorologues, hauts fonctionnaires, ingénieurs, assureurs… Tous sont unanimes : la résilience du pays face à ces événements se construit dès maintenant.

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EPISODE 3 - Janvier 2026 : un dangereux cocktail météo frappe sauvagement le nord de la France

EPISODE 4 - Août 2029 : plusieurs étés brûlants attisent les tensions sur le Rhône

Ce 16 décembre 2025, les Réunionnais n’ont pas fermé l’œil : le cyclone Ronald a touché le nord de l’île aux alentours de 23 heures. Confinée chez elle ou hébergée dans des centres de secours sur ordre de la préfecture, la population s’est protégée de rafales dépassant les 280 kilomètres-heure et de fortes pluies. "Avec le réchauffement climatique et celui de l’océan Indien, il pourrait y avoir un déplacement de la trajectoire des cyclones vers La Réunion. Leur puissance pourrait s’intensifier, observe Jérôme Filippini, le préfet de La Réunion. Nous devons nous préparer à l’occurrence d’un cyclone ressemblant à l'ouragan de catégorie 5, Irma, qui avait touché les Antilles en septembre 2017."

Des zones sont privées d’eau, d’électricité et d’accès au réseau fixe et mobile. La radio reste le seul outil d’information. Au vu de l’importance des dégâts, les Réunionnais attendent les secours aériens venant notamment de la métropole. L’impatience est d’autant plus grande que, cinq jours auparavant, le territoire a été frappé par la tempête tropicale Marie, moins intense mais beaucoup plus imprévisible. "Le scénario noir serait la combinaison d’un cyclone tropical très intense succédant, à quelques jours d’intervalle, à une onde dépressionnaire - c'est-à-dire à une tempête tropicale, confirme Davide Faranda, directeur de recherche au CNRS en climatologie. Un cyclone a le désavantage d'être un évènement "multi-aléas" : le territoire touché subit des rafales de vent, des pluies, la grêle, les éclairs".

"Danger imminent"

Après plusieurs heures en alerte violette, synonyme de "danger imminent", La Réunion repasse en alerte rouge, à la fois pour évaluer les dégâts du cyclone et permettre aux secours d’intervenir. Sept disparus et des dizaines de blessés sont dénombrés. Des inondations, coulées de boues et glissements de terrain ont touché les habitations. "Notre système sanitaire est habitué à des évènements intenses. Il peut faire face", estime Jérôme Filippini. Mais la tâche des secours est difficile, alors que les premières réparations suivant la tempête Marie n’ont pas pu commencer. "Si deux événements se succèdent, le risque serait aussi une longue fermeture des aéroports", note Gwenaëlle Pennober, professeure à l’université de La Réunion, géographe et littoraliste.

L’aéroport international Roland-Garros, au nord, a été en partie ravagé. Celui de Saint-Pierre-Pierrefonds, régional, au sud, est remis en état de fonctionnement trente-six heures après le passage de Ronald. "Notre vulnérabilité est liée d'abord aux aéroports", remarque Gwenaëlle Pennober. Du point de vue de la sécurité civile, l’île disposerait ainsi d’une autonomie de trois jours sans être connectée à l’Hexagone. Les Réunionnais, habitués à faire des provisions en amont, n’ont pas manqué de vivres. La reprise de l’activité, en revanche, tarde dans de nombreuses parties de l’île, rendues inaccessibles par les éboulis et les inondations. "Beaucoup de sites sont reliés au territoire à travers des radiers, des ponts submersibles. En période de fortes pluies, certains sont déconnectés systématiquement, poursuit la géographe. Plus de 150 d'entre eux sont submersibles. En principe, ils ne sont cependant pas tous affectés en même temps : tout dépend de la trajectoire du cyclone ou de la tempête".

Des zones doivent attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant d’être entièrement rattachées au réseau. "Par le passé, des gens ont déjà attendu plusieurs mois sans électricité", confirme-elle. Résultat, la population prend des risques. On dénombre encore cinq décès durant les jours suivants. Le prix des denrées explose. Au total, le montant du sinistre avoisine les 200 millions d’euros. "Sans compter les dégâts durables sur l’agriculture et le tourisme. Les plages et les chemins de randonnée seraient dévastés, ce qui altérerait durablement l’attractivité touristique", soupire Gwenaëlle Pennober.

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